Les sciences du danger (Cindyniques)
La cindynique (du grec kíndunos, danger) regroupe les sciences qui étudient les risques. Elle regroupe tous les aspects des sciences qui étudient les risques naturels (incendies de forêt, inondations, avalanches, séisme…), technologiques (nouveaux matériaux ou produits chimiques…) ou industriels (installations polluantes ou dangereuses) pour essayer d'établir des règles de prévention.
Une situation dangereuse est une situation placée au sein d’un système et dans laquelle une cible vulnérable se trouve exposée à un ou plusieurs danger(s) dont les effets ne sont pas toujours immédiats ou apparents. Le but poursuivi par l’approche cindynique consiste à identifier la vulnérabilité de ces situations afin de la réduire dès la source et de limiter ainsi les risques que peuvent subir divers enjeux (humains, matériels, économiques, environnementaux…).
La grande diversité dans les modes d'appréhension du danger a conduit à l'apparition de techniques d'études et de prévention différentes (hygiène et sécurité et industrielle, fiabilité, sûreté de fonctionnement, génie sanitaire, gestion de crise…) qui coexistent mais demeurent très cloisonnées, ce qui est très pénalisant pour édicter des règles de prévention des risques en vue de mieux protéger les travailleurs ou les populations.
La cindynique a ainsi une approche multidisciplinaire qui combine les apports de sciences très diverses : géologie et météorologie pour les catastrophes naturelles, chimie et physique pour les catastrophes industrielles, théorie des systèmes et des jeux pour la modélisation, sociologie, ergonomie, psychologie, économie, épidémiologie, toxicologie pour leurs conséquences humaines, sociales, économiques, politiques.
La cindynique rend compte de la complexité des problèmes et appréhende les risques par des démarches globales, systémiques et intégrée aux organisations. Elle cherche à prendre en compte tous les facteurs qui expliquent les différents risques, déterminent leurs natures, leurs relations, leurs occurrences et leurs conséquences afin d’implémenter des méthodes de prévention capables de réduire ou d'annihiler les facteurs de nuisance.
La cindynique propose une méthodologie d’analyse du risque intégrée aux organisations, elle invite à favoriser les échanges entre les différents acteurs de la crise et insiste sur la réalisation et la prise en compte des retours d’expérience. Son champ d’action s’étend également aux études et recherches en matière de risques à tous les stades de l’activité humaine, à la diffusion des informations correspondantes, au développement de l’enseignement des sciences du danger ainsi qu’à la promotion des techniques et des produits les plus sûrs et les plus fiables.
Une situation dangereuse est une situation placée au sein d’un système et dans laquelle une cible vulnérable se trouve exposée à un ou plusieurs danger(s) dont les effets ne sont pas toujours immédiats ou apparents. Le but poursuivi par l’approche cindynique consiste à identifier la vulnérabilité de ces situations afin de la réduire dès la source et de limiter ainsi les risques que peuvent subir divers enjeux (humains, matériels, économiques, environnementaux…).
La grande diversité dans les modes d'appréhension du danger a conduit à l'apparition de techniques d'études et de prévention différentes (hygiène et sécurité et industrielle, fiabilité, sûreté de fonctionnement, génie sanitaire, gestion de crise…) qui coexistent mais demeurent très cloisonnées, ce qui est très pénalisant pour édicter des règles de prévention des risques en vue de mieux protéger les travailleurs ou les populations.
La cindynique a ainsi une approche multidisciplinaire qui combine les apports de sciences très diverses : géologie et météorologie pour les catastrophes naturelles, chimie et physique pour les catastrophes industrielles, théorie des systèmes et des jeux pour la modélisation, sociologie, ergonomie, psychologie, économie, épidémiologie, toxicologie pour leurs conséquences humaines, sociales, économiques, politiques.
La cindynique rend compte de la complexité des problèmes et appréhende les risques par des démarches globales, systémiques et intégrée aux organisations. Elle cherche à prendre en compte tous les facteurs qui expliquent les différents risques, déterminent leurs natures, leurs relations, leurs occurrences et leurs conséquences afin d’implémenter des méthodes de prévention capables de réduire ou d'annihiler les facteurs de nuisance.
La cindynique propose une méthodologie d’analyse du risque intégrée aux organisations, elle invite à favoriser les échanges entre les différents acteurs de la crise et insiste sur la réalisation et la prise en compte des retours d’expérience. Son champ d’action s’étend également aux études et recherches en matière de risques à tous les stades de l’activité humaine, à la diffusion des informations correspondantes, au développement de l’enseignement des sciences du danger ainsi qu’à la promotion des techniques et des produits les plus sûrs et les plus fiables.
Les cinq dimensions différentes du danger
La représentation traditionnelle du risque identifie les sources de dangers et les classe en fonction de leur fréquence et de leur gravité/vulnérabilité, permettant de calculer un niveau de criticité : cette matrice à deux dimensions (probabilité X conséquences) est utile mais insuffisante pour rendre compte de la complexité des interactions qui conduisent à des accidents.
La dynamique d’origine de bien des dysfonctionnements d’un système montre que les facteurs comportementaux de chacun des acteurs intervenant dans le fonctionnement du système considéré, jouent un rôle important à tous les niveaux de la chaine organisationnelle. Or, dans toute organisation et en particulier dans les systèmes complexes, des réseaux internes d’acteurs se créent, échangent entre eux des données, des informations et interagissent. Malgré les structures, les règles et les techniques qui régissent les organisations, les réseaux partagent ou opposent des valeurs qui commandent le comportement des individus. Ce constat a amené à prendre en considération de nouvelles caractéristiques du comportement des réseaux d’acteurs qui font intégralement partie du fonctionnement de toute organisation vivante.
La cindynique propose un modèle d’analyse qui permet de s’intéresser à des sources de danger potentiel non directement perceptibles, car sujets à des ambiguïtés sur les données, sur les modèles, sur les objectifs, sur les normes, sur les valeurs. Les accidents et catastrophes sont des symptômes révélateurs des ambiguïtés. La description des situations potentiellement chargées de dangers se réalise à travers une grille de lecture dénommée « Hyperespace du danger » comportant cinq dimensions :
La dimension des objectifs ou des finalités recherches (téléologique).
Les finalités des acteurs ne sont naturellement pas identiques, ils sont parfois antagonistes : par exemple, certains minimisent le risque de leurs activités en majorant celui des autres et des intérêts économiques divergents entrent en jeu. Il s'agit pour chacun des acteurs concernés d'expliciter sa stratégie (ou son indigence !), de préciser sa politique et ses objectifs, et de hiérarchiser ses finalités, sans quoi, en l'absence de cet effort, les flous subsistants hypothèquent gravement les chances de gérer la situation de danger.
La dimension des valeurs de référence (axiologique).
Ce sont ces systèmes de valeur qui président et déterminent les composantes comportementales des individus face au risque, dont le respect peut conduire la population à des attitudes plus ou moins tolérantes. En effet, dans de très nombreux domaines, il n’y a pas forcément de consensus sur la notion même de danger ou de risque, ce qui rend les mesures de prévention difficiles à décider et à mettre en œuvre. Le même type d'événement peut, selon les époques, les milieux socioculturels, les idéologies, les individus, être grave ou de peu d’importance, être un risque réel pour certains, fantasmé pour d’autres (par exemple les OGM, les ondes électromagnétiques…).
La dimension des règles et des normes (déontologique).
Il s'agit des normes (lois, standards, codes de déontologie) que les acteurs s'imposent ou acceptent (obligatoires ou non).
La dimension des faits, des données, des observations (statistique et mnésique).
Ce sont les informations statistiques et les données factuelles et historiques stockées dans les banques de données de retour d'expérience (centrales EDF, analyse des vols à Air France, zones inondables, couloirs des avalanches…). Plus ces données sont lacunaires, parcellaires et peu fiables, plus les décisions de prévention des risques sont arbitraires et inefficaces. Toutefois, il convient d’éviter la profusion de données inhibant l’utilisation de celles qui sont réellement significatives.
La dimension des modèles et des représentations (épistémique).
C'est la banque de connaissances physiques, chimiques, médicales… élaborées à partir des faits qui sert pour l'établissement de modélisations mathématiques et de simulations informatiques. L'utilité de ces modèles, s’ils sont assez élaborés et acceptés, est notamment de réduire les pertes de temps créées par des discussions sans fin sur l'exactitude des estimations quantitatives ou sur les effets des mesures de prévention. En particulier, les risques technologiques peuvent être appréhendés par l’intermédiaire de logiciels très évolués combinant des apports mathématiques et informatiques. Ces modèles offrent des opportunités de simulation, de test des performances de dispositifs de protection. Selon l’approche cindynique, une stratégie de prévention des risques efficace repose sur la complémentarité de ces cinq axes et de leur cohérence interne. Elle suppose d’identifier et de neutraliser au sein des organisations, pour chaque réseau d’acteurs, les lacunes et ambiguïtés.
La dynamique d’origine de bien des dysfonctionnements d’un système montre que les facteurs comportementaux de chacun des acteurs intervenant dans le fonctionnement du système considéré, jouent un rôle important à tous les niveaux de la chaine organisationnelle. Or, dans toute organisation et en particulier dans les systèmes complexes, des réseaux internes d’acteurs se créent, échangent entre eux des données, des informations et interagissent. Malgré les structures, les règles et les techniques qui régissent les organisations, les réseaux partagent ou opposent des valeurs qui commandent le comportement des individus. Ce constat a amené à prendre en considération de nouvelles caractéristiques du comportement des réseaux d’acteurs qui font intégralement partie du fonctionnement de toute organisation vivante.
La cindynique propose un modèle d’analyse qui permet de s’intéresser à des sources de danger potentiel non directement perceptibles, car sujets à des ambiguïtés sur les données, sur les modèles, sur les objectifs, sur les normes, sur les valeurs. Les accidents et catastrophes sont des symptômes révélateurs des ambiguïtés. La description des situations potentiellement chargées de dangers se réalise à travers une grille de lecture dénommée « Hyperespace du danger » comportant cinq dimensions :
La dimension des objectifs ou des finalités recherches (téléologique).
Les finalités des acteurs ne sont naturellement pas identiques, ils sont parfois antagonistes : par exemple, certains minimisent le risque de leurs activités en majorant celui des autres et des intérêts économiques divergents entrent en jeu. Il s'agit pour chacun des acteurs concernés d'expliciter sa stratégie (ou son indigence !), de préciser sa politique et ses objectifs, et de hiérarchiser ses finalités, sans quoi, en l'absence de cet effort, les flous subsistants hypothèquent gravement les chances de gérer la situation de danger.
La dimension des valeurs de référence (axiologique).
Ce sont ces systèmes de valeur qui président et déterminent les composantes comportementales des individus face au risque, dont le respect peut conduire la population à des attitudes plus ou moins tolérantes. En effet, dans de très nombreux domaines, il n’y a pas forcément de consensus sur la notion même de danger ou de risque, ce qui rend les mesures de prévention difficiles à décider et à mettre en œuvre. Le même type d'événement peut, selon les époques, les milieux socioculturels, les idéologies, les individus, être grave ou de peu d’importance, être un risque réel pour certains, fantasmé pour d’autres (par exemple les OGM, les ondes électromagnétiques…).
La dimension des règles et des normes (déontologique).
Il s'agit des normes (lois, standards, codes de déontologie) que les acteurs s'imposent ou acceptent (obligatoires ou non).
La dimension des faits, des données, des observations (statistique et mnésique).
Ce sont les informations statistiques et les données factuelles et historiques stockées dans les banques de données de retour d'expérience (centrales EDF, analyse des vols à Air France, zones inondables, couloirs des avalanches…). Plus ces données sont lacunaires, parcellaires et peu fiables, plus les décisions de prévention des risques sont arbitraires et inefficaces. Toutefois, il convient d’éviter la profusion de données inhibant l’utilisation de celles qui sont réellement significatives.
La dimension des modèles et des représentations (épistémique).
C'est la banque de connaissances physiques, chimiques, médicales… élaborées à partir des faits qui sert pour l'établissement de modélisations mathématiques et de simulations informatiques. L'utilité de ces modèles, s’ils sont assez élaborés et acceptés, est notamment de réduire les pertes de temps créées par des discussions sans fin sur l'exactitude des estimations quantitatives ou sur les effets des mesures de prévention. En particulier, les risques technologiques peuvent être appréhendés par l’intermédiaire de logiciels très évolués combinant des apports mathématiques et informatiques. Ces modèles offrent des opportunités de simulation, de test des performances de dispositifs de protection. Selon l’approche cindynique, une stratégie de prévention des risques efficace repose sur la complémentarité de ces cinq axes et de leur cohérence interne. Elle suppose d’identifier et de neutraliser au sein des organisations, pour chaque réseau d’acteurs, les lacunes et ambiguïtés.
Les déficits cindyniques générateurs de danger
La cindynique utilise la notion d'événement non souhaité (ENS), et d'effet pervers qui sont les dysfonctionnements susceptibles de provoquer des dangers (catastrophes ou accidents) concernant le travailleur, la population, l'écosystème ou l'installation industrielle.
Le jeu des différents acteurs confrontés et impliqués dans une situation à risques montre que les probabilités d’occurrence et l’intensité des ENS sont fonction des malentendus, désaccords, ambiguïtés, flous, contradictions, oppositions, appelés déficits cindyniques : les ENS arrivent lorsqu'un certain nombre de ces déficits générateurs de danger sont présents.
Le modèle à cinq dimensions permet de répertorier des déficits cindyniques sur chaque axe et d’identifier les incompatibilités entre des éléments issus d’un axe et ceux issus d’un autre, c’est à dire ce qui concours à la génération du danger dans les situations cindyniques. On considère qu’un déficit dans un de ces domaines est source de danger. Ces déficits peuvent être de différente nature :
Les déficits culturels.
La culture d'infaillibilité : L’organisation ne peut pas avoir de défaillance car ses compétences en matière de prévision et de prévention sont excellentes, sans qu’aucun benchmarking ne l’atteste. Le nombrilisme est une variante de ce déficit. Cela conduit à des erreurs relatives à la fréquence ou à la gravité des risques et de leurs conséquences immédiates ou différées, ou pire à la dénégation, le refoulement collectif du danger. C’est le « syndrome du TITANIC ». La culture du simplisme : L’organisation minimise ou nie carrément la complexité des systèmes et se contente de mesures dérisoires ou vaines. La culture de non-communication : Il y a un déficit de dialogue entre les différents départements de l'entreprise, du fait par exemple de l’existence de « fiefs » jalousement cloisonnés. Cela peut être aussi dû à des barrières linguistiques ou culturelles dans les groupes multinationaux. La charge affective et/ou émotionnelle que véhicule le terme de risque contribue aussi à brouiller la compréhension mutuelle.
Les déficits organisationnels
Négligence de la maîtrise des risques au profit de la production : Les critères de productivité et de rentabilité passent avant les critères de santé et de sécurité et sûreté. Le responsable HSE est un fonctionnel sans autorité. La dilution des responsabilités, la non-explication des tâches de gestion des risques, la non-affectation des tâches à des responsables désignés sont des déficits d’importance majeure qui expliquent un grand nombre de catastrophes. La présence d'acteurs multiples, intervenant dans la gestion peut entraîner de nombreux conflits très dommageables pour la gestion et le management du processus de danger, d’autant que les problématiques sont toujours transversales. On aboutit généralement à une démarche réductionniste visant à chercher un coupable, après l’ENS, qui sert de bouc émissaire.
Les déficits managériaux
L'absence d'un système de retour d'expérience : L’organisation ne porte pas attention à tous les signes précurseurs de dangers et de risques apparaissant dans son domaine, cela entraine à plus ou moins long terme la répétition de la survenue de l’accident parce que les décideurs n’en ont pas tiré les leçons et pris aucune mesure de prévention sérieuse (marées noires pétrolières récurrentes). L'absence d'une stratégie de gestion des risques : pas de manuel, de procédures écrites et/ou d'instructions orales par exemple sur le port d’équipements de protection…, une mise en place du Document Unique de Sécurité purement administrative. L'absence d'un programme de formation à la prévention, pour chaque type de risque identifié et pour chaque catégorie de personnel. L'absence de planification et de préparation aux situations de crise : par exemple, pas de consignes ni d’exercice d'évacuation incendie…
Selon l’approche cindynique, ce sont les différences entre les objectifs et les fonctionnements de ces différentes approches et des acteurs les représentant qui sont à l’origine des accidents ou d’une mauvaise gestion de ceux-ci, majorant les conséquences des aléas.
On parle également de dissonance cindynique, elle représente les différences de perception des dimensions du risque par les différents acteurs. La dissonance peut être considérable pour la dimension des valeurs : par exemple dans le cas où certains acteurs jugent les experts non crédibles, leurs statistiques, leurs modèles sont reniés, leurs règles estimées injustes, du fait par exemple de leurs liens avérés ou supposés avec les tenants du pouvoir gouvernemental ou patronal.
En détectant à l’avance les déficits et dissonances cindyniques et en y appliquant de façon préventive les traitements appropriés, on peut diminuer la probabilité d’occurrence des ENS et réduire les risques.
Le jeu des différents acteurs confrontés et impliqués dans une situation à risques montre que les probabilités d’occurrence et l’intensité des ENS sont fonction des malentendus, désaccords, ambiguïtés, flous, contradictions, oppositions, appelés déficits cindyniques : les ENS arrivent lorsqu'un certain nombre de ces déficits générateurs de danger sont présents.
Le modèle à cinq dimensions permet de répertorier des déficits cindyniques sur chaque axe et d’identifier les incompatibilités entre des éléments issus d’un axe et ceux issus d’un autre, c’est à dire ce qui concours à la génération du danger dans les situations cindyniques. On considère qu’un déficit dans un de ces domaines est source de danger. Ces déficits peuvent être de différente nature :
Les déficits culturels.
La culture d'infaillibilité : L’organisation ne peut pas avoir de défaillance car ses compétences en matière de prévision et de prévention sont excellentes, sans qu’aucun benchmarking ne l’atteste. Le nombrilisme est une variante de ce déficit. Cela conduit à des erreurs relatives à la fréquence ou à la gravité des risques et de leurs conséquences immédiates ou différées, ou pire à la dénégation, le refoulement collectif du danger. C’est le « syndrome du TITANIC ». La culture du simplisme : L’organisation minimise ou nie carrément la complexité des systèmes et se contente de mesures dérisoires ou vaines. La culture de non-communication : Il y a un déficit de dialogue entre les différents départements de l'entreprise, du fait par exemple de l’existence de « fiefs » jalousement cloisonnés. Cela peut être aussi dû à des barrières linguistiques ou culturelles dans les groupes multinationaux. La charge affective et/ou émotionnelle que véhicule le terme de risque contribue aussi à brouiller la compréhension mutuelle.
Les déficits organisationnels
Négligence de la maîtrise des risques au profit de la production : Les critères de productivité et de rentabilité passent avant les critères de santé et de sécurité et sûreté. Le responsable HSE est un fonctionnel sans autorité. La dilution des responsabilités, la non-explication des tâches de gestion des risques, la non-affectation des tâches à des responsables désignés sont des déficits d’importance majeure qui expliquent un grand nombre de catastrophes. La présence d'acteurs multiples, intervenant dans la gestion peut entraîner de nombreux conflits très dommageables pour la gestion et le management du processus de danger, d’autant que les problématiques sont toujours transversales. On aboutit généralement à une démarche réductionniste visant à chercher un coupable, après l’ENS, qui sert de bouc émissaire.
Les déficits managériaux
L'absence d'un système de retour d'expérience : L’organisation ne porte pas attention à tous les signes précurseurs de dangers et de risques apparaissant dans son domaine, cela entraine à plus ou moins long terme la répétition de la survenue de l’accident parce que les décideurs n’en ont pas tiré les leçons et pris aucune mesure de prévention sérieuse (marées noires pétrolières récurrentes). L'absence d'une stratégie de gestion des risques : pas de manuel, de procédures écrites et/ou d'instructions orales par exemple sur le port d’équipements de protection…, une mise en place du Document Unique de Sécurité purement administrative. L'absence d'un programme de formation à la prévention, pour chaque type de risque identifié et pour chaque catégorie de personnel. L'absence de planification et de préparation aux situations de crise : par exemple, pas de consignes ni d’exercice d'évacuation incendie…
Selon l’approche cindynique, ce sont les différences entre les objectifs et les fonctionnements de ces différentes approches et des acteurs les représentant qui sont à l’origine des accidents ou d’une mauvaise gestion de ceux-ci, majorant les conséquences des aléas.
On parle également de dissonance cindynique, elle représente les différences de perception des dimensions du risque par les différents acteurs. La dissonance peut être considérable pour la dimension des valeurs : par exemple dans le cas où certains acteurs jugent les experts non crédibles, leurs statistiques, leurs modèles sont reniés, leurs règles estimées injustes, du fait par exemple de leurs liens avérés ou supposés avec les tenants du pouvoir gouvernemental ou patronal.
En détectant à l’avance les déficits et dissonances cindyniques et en y appliquant de façon préventive les traitements appropriés, on peut diminuer la probabilité d’occurrence des ENS et réduire les risques.
La prévention des risques
- Les systèmes techniques évoluent dans le temps et ceci amène les cindyniciens à poser leur regard à des époques différentes de la vie du système étudié. Au moyen de la grille de description, l’approche cindynique va s’attacher à analyser les incohérences affectant le comportement de chaque groupe d’acteurs et celles affectant les interactions entre ces groupes susceptibles de créer des situations dangereuses. A contrario la recherche de cohérence permet au système étudié de trouver un équilibre obtenu par la mise en jeu de différentes régulations propres à chaque acteur ou à leurs interactions.
La mise en œuvre de l’approche cindynique permet de procéder à trois formes de description des situations :
Une description macroscopique de l’organisation
Un relevé des insuffisances (incohérences) au niveau de chaque groupe d’acteurs ainsi que des points de désaccords entre différents groupes d’acteurs,
Une approche temporelle pour détecter les évolutions positives ou négatives des acteurs et des organisations afin, en particulier, de les prédisposer à aborder les situations de crise.
L’accumulation des déficits et dissonances cindyniques engendre un sentiment de malaise, d’angoisse de l’imminence d’une catastrophe, c’est l’expression de la montée du potentiel cindynique. Ce potentiel est une fonction croissante des ambiguïtés existant entre les différents acteurs sur les cinq dimensions du danger. La vulnérabilité (et son contraire la résilience) est une résultante du potentiel cindynique.
Les situations à haut potentiel cindynique conduisent irrémédiablement à l’accident un jour ou l’autre, ou évoluent grâce à une campagne de prévention qui consiste à diminuer ce potentiel pour réduire la dangerosité de la situation.
Si la gestion de crise est la réaction tardive pour limiter les dégâts, la prévention est la transformation intentionnelle des situations cindyniques, la recherche de la diminution des déficits et dissonances cindyniques.
Les écarts entre la situation existante et la situation désirée conduit à la description de la transformation de la situation cindynique par une campagne de prévention.
La construction de la confiance consiste à identifier les déficits et y porter remède et à réduire les dissonances par la négociation au cours de la campagne de prévention.
Une campagne de prévention consiste donc à négocier, entre les acteurs, des accords minimaux sur les cinq dimensions cindyniques, des chiffres acceptés comme réalité statistique, des modèles pris comme base commune de connaissance, des objectifs, règles, et valeurs partagées, dont le niveau de l'acceptabilité des risques et l’optimisation du rapport cout/efficacité des mesures préventives. Le préventeur est l'animateur de cette campagne de prévention, de l’évolution de la situation cindynique.
La démarche cindynique, en s’appuyant sur le concept de situation dangereuse, apporte un moyen de repérer et de relier les efforts de modélisation du danger et, en visant à le réduire à la source, de faire avancer les techniques de prévention. Elle permet également d’étudier le fonctionnement d’une organisation et d’identifier les situations « positives » liées aux interactions entre les groupes d’acteurs. Elle fournit ainsi un outil stratégique de maîtrise des risques et des opportunités à une entité qui souhaite avoir un regard à long terme sur le développement de son activité.